Comme chaque matin il pédalait sur son vélo d’appartement : une demi heure par jour et un peu plus de quinze kilomètres en écoutant un cd de philosophie. Il en était à Schopenhauer, sa généalogie, sa philosophie de l’absurde, mais aussi son art du bonheur. Il essayait de ne pas regarder le temps de pédalage, mais, quelquefois, cela lui semblait trop lent et il ne résistait pas et jetait un coup d’œil. Il fit ce matin, il lui restait onze minutes d’efforts.
Il se remit à écouter. Il connaissait déjà tout ça, il l’avait entendu quatre à cinq fois, mais, à chaque écoute, il découvrait quelque chose de nouveau et avait l’impression de mieux comprendre. Il savait qu’après avoir passé les deux cd de Luc Ferry, il lirait le petit livre de Clément Rosset. Il aurait aimé avoir conservé la mémoire de sa jeunesse, mais il n’avait pas à trop se plaindre quand même. Il la faisait travailler en jouant sur internet à des jeux où il fallait retrouver des objets dans un décor très chargé, et il se débrouillait pas mal, il avait même l’impression de progresser.
Avant, il devait chercher parfois plusieurs jours avant de retrouver le nom d’un chanteur ou d’un sportif ou d’un endroit avant de le retrouver (et, des fois, le même nom se reperdait dans sa tête quelques semaines plus tard) , maintenant cela lui arrivait bien moins souvent. Peut être se posait-il tout simplement moins de questions ? Non, sa mémoire progressait. A son age, son cerveau continuait à créer des neurones, il avait lu cela quelque part, notamment en apprenant, et lui, après sa découverte des plate-formes de cours gratuits, il s’était était redevenu étudiant en art, écologie, minéraux, religion, philosophie (il l’était déjà), et il se tenait au courant des nouveautés pour avoir toujours trois ou quatre cours à suivre en même temps.
Il avait moyennement écouté Schopenhauer mais retrouva vite le fil, et puis il avait le livre pour se remettre tout en tête. Il jeta un coup d’œil sur le minuteur du vélo : quinze minutes trente secondes, c’était plus que tout à l’heure quand il avait regardé. Il observa longuement l’appareil, comme pour le questionner, comme si la réponse allait venir naturellement en fixant ces chiffres qui défilaient sur l’écran.
Pourtant, le décompte se poursuivait sous ses yeux : quatorze minutes cinquante, quarante neuf… Si l’appareil dysfonctionnait, il allait le voir. Il attendait les dix minutes pour voir si c’est à ce moment là que ça repassait à quinze minutes. Il n’écoutait plus du tout le cd, ses yeux étaient fixés sur les chiffres qui défilaient dans le bon ordre, et une fois le temps écoulé, le petit sifflement se fit entendre, comme d’habitude.
Il arrêta le compteur et le cd et alla prendre son verre d’eau et son dessert à la vanille, puis sa douche. Il était toujours préoccupé par cette anomalie quand il se rasa et se brossa les dents. Puis il alluma son pc et lut ses mails, joua au bridge et regarda les nouvelles. Il était revenu à sa routine journalière ordinaire et oublia l’incident.
Quand il mit « regarder l’enregistrement » du nouvel épisode de la série sacrifiée la veille pour un match de football à la même heure, il eut une impression de déjà vu. Oui, c’était l’épisode précédent. Pourtant, dans le programme étaient indiqués deux nouveaux épisodes ! Ah ces programmes de télé ! Il espérait avoir laisser suffisamment de temps pour ne pas avoir raté quelque chose.
L’épisode qu’il voulait regarder démarra, mais il fut tracassé par cette idée de rater l’épisode suivant que cela lui gâcha un peu son plaisir. En fait, il put en voir l’intégralité. Ils avaient dû passer trois épisodes, bizarrement car ils ne faisaient jamais ça à cette heure là.
Et il fit ce qu’il n’aurait jamais dû faire, il remit l’enregistrement au début. Il n’en croyait pas ses yeux, il était remonté encore d’un épisode, le premier en fait de la série. Pourtant, la fois d’avant il avait mis lecture dès le début de l’enregistrement et était arrivé bien après dans l’histoire.
Que se passait-il ? Son appareil était-il défaillant ? C’était la première fois que cela arrivait, mais,bon, avec les nouvelles technologies, c’était fragile ces bêtes la ! Il allait quand même téléphoner à son opérateur, ça marchait jamais comme il faut ces décodeurs ! Il effaça l’enregistrement et prit un livre pour se détendre, un policier de Deon Meyer. Il était sur cet écrivain en ce moment, en alternance avec Jim Harrison.
Il les avait découverts à peu près en même temps, le premier par hasard à sa bibliothèque municipale, le second en regardant une émission littéraire qui parlait de la disparition de cet auteur américain. Il avait aimé les deux romans, pourtant bien différents l’un de l’autre, et il avait aimé les suivants. Il avait d‘ailleurs pris aussi un Jim Harrison à la bibliothèque. Ils avaient beaucoup de livres intéressants et il avait du mal à caser un des livres que ses enfants lui avaient offerts piochés dans sa liste de souhaits.
Il aimait aussi avoir quelques livres en réserve, mais la fête des pères approchait et il devait en lire quelques uns. Il eut du mal à se concentrer sur sa lecture, ce qui lui arrivait rarement. Ses mésaventures de la matinée le travaillaient sans doute. Il y avait des jours comme ça où des choses arrivaient, et des jours calmes où la routine s’installait et où il pouvait mettre le pilotage automatique.
Comme il faisait assez beau, il se dit qu’il allait aller faire une petite balade dans le coin. Il avait emménagé dans son nouvel appartement depuis quelques semaines et connaissait mal son quartier. Il s’était dit qu’il devait aller y flâner et c’était l’occasion de le faire. Il se prépara et descendit par l’ascenseur, se demandant de quel coté il allait partir.
Une fois en bas, il n’en crut pas ses yeux : il pleuvait à verse. Comment le temps avait-il pu changer si vite ? Il y avait peu de nuages il y avait à peine cinq minutes et là il tombait des cordes ! Il n’était pas équipé pour sortir avec ce temps la et il remonta chez lui. Il hésitait à se changer ou à rester tranquillement à lire ou à écrire. Une surprise de taille l’attendait quand il entra dans son salon, il faisait beau dehors ! C’était quoi ce truc ?
Il n’osa pas se mettre un k-wai et redescendre de crainte de croiser des voisins qui pourraient penser qu’il devenait fou. Il s’installa donc sur sa chaise longue et lut un long moment avant de rentrer pour préparer son dîner. Il mangea devant les informations, remplit le lave vaisselle et se planta devant la télévision et un documentaire sur la renaissance. Il était tôt quand il se mit au lit et lut encore une bonne demi heure avant de se coucher vers vingt deux heures trente, sans penser une seule minute à ses trois mésaventures de la journée.
Le lendemain matin, il sacrifia à sa routine habituelle : verre d’eau avec du jus de citron, cachet pour la tension, bol de café, mails sur internet devant la télé. Mais, il avait beau regarder l’écran par intermittences comme chaque matin, il vit qu’ils passaient le même documentaire sur la renaissance que la veille. Il était pourtant persuadé d’avoir changé de chaîne, il avait du se tromper. Il zappa et retrouva son programme normal.
Il était distrait ce matin. Il fit sa gymnastique et attaqua son vélo avec le cd de Schopenhauer. Il essaya d’être attentif pour progresser dans la compréhension de ses idées et ne regarda le compteur du vélo que lorsque celui ci afficha onze minutes puis à quinze minutes. Il évitait de regarder quand il se sentait proche de treize minutes. Stupide superstition ! A trente minutes la petite sonnerie retentit. Ouf.
En fin de matinée, il pensa qu’il devait aller poster sa lettre. Il faisait beau et une fois dans l’ascenseur, il eut peur du temps qu’il allait trouver au rez-de-chaussée, mais c’était le même. Il se dirigea donc tranquillement vers la boite à lettres distante de quelques centaines de mètres, sauf qu’elle n’était pas là. Il regarda autour de lui, surpris et choqué : il n’y avait pas d’emplacement ancien, on ne l’avait pas déplacée, elle n’existait pas. Il rebroussa chemin en direction d’une autre boite un peu plus loin, essayant de penser d’abord à cette lettre qui devait être postée. Il en trouva une sur son chemin qu’il ne connaissait pas. Il mit la lettre dans la fente prévue et retourna chez lui, tête basse.
Il n’osa pas demander à tous les gens qu’il croisait si cette boite était là depuis longtemps, il se sentait mal, il n’avait qu’un objectif : rentrer chez lui où il serait à l’abri de ce chaos. Comment cela pouvait-il être possible ? Était-ce lui qui pétait un câble ? Cela aurait été plus simple si il était toujours marié, il aurait demandé à sa femme de vérifier. Mais voila, il était divorcé, seul. Cette solitude affectait-elle son esprit ? Perdait-il la tête ? Il avait vu récemment une série dans laquelle le héros atteint d ‘un cancer du cerveau avait des hallucinations. Était-il malade sans le savoir ? Il ne manquait plus que ça, après toutes les épreuves qu’il avait du traverser récemment. Ce serait le bouquet ! Une fois rentré chez lui il prit rendez vous avec son médecin traitant pour se faire examiner. Comme il était en bon rapport avec elle, il put en avoir un dès le lendemain en fin de matinée. Cela le rassura, il avait mis en marche le processus pour savoir ce qui clochait chez lui. La journée se passa sans nouvelle alerte.
Le lendemain, il ne ferma pas les yeux en pédalant pour pouvoir surveiller son compteur ‘sauf de quatorze à douze minutes) , mais il ne se passa rien : les trente minutes s’égrainèrent tranquillement, sans aucun retour en arrière. Il prit cela comme un bon signe pour son rendez vous et essaya de ne pas y penser en se consacrant à des tâches routinières, anticipant celles qu’il avait prévues pour les jours suivants en matière de cuisine et de ménage.
Sans surprise, son médecin lui prescrit un IRM, sachant que ses symptômes étaient plutôt inhabituels et qu’elle doutait que ce puisse être un cancer du cerveau. Elle pensait plutôt à la possibilité d’une maladie dégénérative ou à une consommation excessive d’alcool, mais il ne buvait pas trop. Il ne savait pas trop penser en rentrant chez lui et regarda s’il avait reçu du courrier ; il ; y avait son journal télé, des lettres d’associations sollicitant son assistance financière et une lettre de sa mère.
Il eut besoin de se tenir au mur en voyant la contre adresse indiquée au dos de la lettre, c’était bien l’écriture de sa mère pourtant morte depuis plus de vingt ans. Un voisin rentré peu après lui et en train également de récupérer son courrier s’aperçut de son trouble et lui demanda si ça allait. Il en profita pour lui faire lire l’adresse au dos de la lettre et il lui confirma ce que lui même avait lu. Il n’était pas malade, c’est le monde qui l’était, il se passait quelque chose d’anormal. Il essaya d’interroger son voisin sur des faits inhabituels survenus ces derniers jours mais fit chou blanc.
Une fois rentré, il hésita à ouvrir cette lettre, pourtant il le fallait. Elle allait peut être lui donner la clé de l’énigme, de toutes ces anomalies que son cerveau n’avaient pas inventées. En même temps, il avait peur d’y lire une mauvaise nouvelle voire une catastrophe qu’il ne soupçonnait pas, un événement survenu il y a longtemps dont il n’avait pas connaissance et qui allait lui briser le cœur. De toutes façons, il n’y avait pas d’urgence. Il posa la lettre sur la console dans son entrée et se laissa le temps de réfléchir à la question.
Il choisit un plat cuisiné de son congélateur et l’inscrivit sur la fiche pour penser à reprendre le même lors de sa prochaine commande. Il faisait cela un peu pour tout depuis son divorce pour ne pas tomber en panne d’un produit indispensable ou apprécié et ça fonctionnait bien. Cela demandait un peu de discipline mais il était un homme de routine et ça lui convenait bien. Il mangea devant les informations de treize heures sans rien en retenir de particulier sauf la météo favorable pour les jours qui suivaient. Il s’installa ensuite sur son balcon avec son roman policier et, au bout d’une petite demi heure, fit une petite sieste réparatrice.
Après s’être réveillé ilreprit dans sa lecture puis rentra et mit la télé pour suivre l’étape du jour du tour d’Italie cycliste. C’était la première fois qu’il le suivait et il avait trouvé cela passionnant, peut être parce qu’un Français figurait dans les premiers du classement général. Il regarda tout en jetant un coup d’œil sur ses mails et jouer à ses jeux de mémoire sur Facebook. Dans son nouvel appartement, sa vie était réglée comme du papier à musique et ça l’aidait énormément à supporter cette solitude qu’il avait tant redoutée.
Il avait repris contact avec d’anciens collègues pour s’assurer au moins un repas à l’extérieur par semaine, en plus de la visite d’un musée ou d’une exposition et de sa participation à son club de bridge. Il n’allait pas au cinéma, il préférait voir les films par la suite à la télévision mais s’était décidé à aller deux ou trois fois par mois au théâtre, un après midi du week-end.
Tous ces phénomènes étranges survenus ces derniers temps bouleversaient sa vie de tous les jours et dynamitaient son rythme de vie si difficile à mettre au point et à mettre en œuvre. Il était conscient de l’extrême importance de retrouver sa tranquillité organisée et espérait que tout allait enfin rentrer dans l’ordre. Le vélo l’avait rassuré mais il y avait cette lettre reçue de sa mère qui le perturbait considérablement. Il savait qu’il faisait l’autruche en en l’ouvrant pas, mais c’était la meilleure tactique à laquelle il avait pensé à court terme. Il se voyait mal en train de parler à quelqu’un, même pas es frères dont il était très proche ou à ses meilleurs amis.
Ils allaient le prendre pour un fou, ou, au minimum, allaient se faire du souci pour sa santé mentale. Ils auraient d‘ailleurs peut être raison ! Si l’IRM ne donnait rien, il lui faudrait aller vois un psychanalyste pour lui en parler. Eux avaient l’habitude de ce genre de délire et pourraient mettre déjà un nom dessus à défaut de le guérir. Tout de même, si il s‘était attendu à ça, lui si rationnel, si raisonnable ! Il se résolut à sortir se promener pour se changer les idées, s’aérer la tête et essayer d’oublier sa lettre.
Ce n’est pas la meilleure idée qu’il eut car il se fit renverser par un chauffard qui grilla un feu tricolore et fila sans demander son reste.
Heureusement, apprit-il par la suite, un commerçant avait assisté à la scène et appelé la police et le Samu, ce qui lui permit d’être vite amené à l’hôpital et rapidement opéré. Il s’entendit dire dix fois qu’il avait eut de la chance, ce qui était sans doute vrai. Il ne pouvait néanmoins s’empêcher de penser que le mieux aurait été de ne pas sortir de chez lui cet après midi là. Mais bon, il n’aurait pas de séquelles de cet accident une fois tout remis en place et son plâtre ôté. Il remercia dix fois les docteurs, infirmières, aides soignantes et femmes de ménage qui s‘occupèrent de lui durant son séjour qui ne fut finalement pas désagréable. Il ne serait pas resté beaucoup plus longtemps sous peine de s’ennuyer sérieusement.
Son fils lui facilita grandement la tâche en proposant de le garder chez lui tant qu’il aurait son plâtre et il fut chouchouté pendant toute cette période, tous les travaux ménagers classiques lui étant évités. Son fils était allé récupéré du linge, des livres et son ordinateur portable chez lui, ainsi que le peu courrier qu’il recevait encore.
Il avait presque retrouvé sa routine habituelle, le vélo et les corvées en moins.
Le jour où on devait lui ôter son plâtre arriva et il regagna ses pénates. Il savait qu’il ne devait pas rester trop longtemps chez son fils et sa copine, les longs séjours se terminant systématiquement par des brouilles, souvent pour des broutilles. Il vit l’enveloppe dès qu’il posa ses clés sur la console de l’entrée. Elle était là et l’attendait.
Il n’avait plus pensé à toutes les bizarreries qu’il avait vécues et elles se rappelaient à lui avec ce courrier. Ses vacances médicales lui avaient fait oublier ce cauchemar. Peut être son subconscient avait-il anticipé purement et simplement la disparition de cette lettre qui ne devait pas exister, sa mère étant morte depuis si longtemps ? Il devait en avoir le cœur net et la lire, il n’avait pas d‘autre choix.
Il ouvrit l’enveloppe, il ne connaissait pas le timbre que sa mère avait utilisé, pourtant il suivait leur sortie pour sa collection.
Mon cher Christian
Il fait très chaud ces jours ci et tu sais que j’en souffre, mais il faut faire avec. A mon age, il faut se réjouir de pouvoir encore profiter de la vie , surtout avec une aussi belle famille. Je remercie le ciel tous les jours pour tous vos enfants à tes frères et à ta sœur et vos petits enfants. Je suis une mère, une grand-mère et une arrière grand-mère comblée, comme l’était ton père avant qu’il ne nous quitte. Tu remercieras Laura pour son colis qui m’a fait très plaisir, c’est agréable d’avoir une belle fille qui s‘occupe autant de vous, tu sais que les deux autres sont plus distantes et je ne parle pas du mari de ta sœur! Mais, je ne dois pas me plaindre, vous venez tous me voir à tour de rôle et je suis rarement seule. Quand je pense que mes trois fils sont déjà à la retraite ! Tu me racontes vos sortes avec vos enfants , tu sais que ça me fait plaisir d’avoir de leurs nouvelles, il m’ont un peu oubliée depuis qu’ils ont grandi, mais c’est la vie, je m’y attendais. Je me revois si attentifs avec moi quand ils étaient plus jeune. Que de merveilleux souvenirs !
J’en viens à l’objet de ma lettre, venez plutôt le 7, ce sera mieux pour moi. Vous savez que vous pouvez rester autant que vous voulez, ta sœur et ton beau frère ne viennent que le 22. Vous pourrez profiter de la plage, l’eau doit être très chaude. Dommage que je n’aime pas me baigner.
Je profiterai de votre visite pour passer voir ma cousine que je n’ai pas vue depuis longtemps.
J’espère que ma lettre vous trouvera en bonne santé,
Je vous embrasse tous
Maman
Il avait reconnu l’écriture de sa mère. Pourquoi parlait-elle de cette Laura qu’il ne connaissait pas, et du mari de sa sœur, enfermée dans cet hôpital psychiatrique depuis si longtemps. Ainsi elle avait des arrières petits enfants, alors que sa mère était décédée avant leur naissance ! Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond, ou alors c’était une blague qu’on lui faisait ! Mais qui pourrait lui faire une farce d’aussi mauvais goût ?
Il essaya de se changer les idées en préparant son déjeuner, mais il n’y arriva pas, ce sujet l’obsédait. C’était comme un mauvais rêve. Quel dommage qu’il y ait eu cette lettre, les autres manifestations avaient toutes disparues, mais il l’avait lue. Il aurait du la jeter le jour où il l’avait reçue, il n’y penserait peut être plus aujourd’hui.
Il mit les informations en mangeant, comme toujours et, vers la fin, il sursauta en écoutant le court reportage des scientifiques qui venaient d’apporter une preuve de l’existence d’univers parallèles. Il avait raté le début en ne comprit pas grand-chose, mais, dès sa dernière bouchée avalée, il chercha sur internet et tomba sur un article évoquant cette question sur le site de « Gent Side » :
Cantonnés jusqu'ici à la science-fiction, les univers parallèles pourraient pourtant bel et bien exister. Une récente étude dévoile en effet leur présence et remet en cause tous nos principes de réalité. Existe-t-il des univers parallèles dans lesquelles la réalité de ce que nous vivons serait différente ? Si jusqu'à aujourd'hui cette question restait cantonnée au domaine de la science-fiction, une étude menée par deux astronomes de l’université de Durham (Royaume-Uni) et publiée au mois d'avril dans la revue scientifique Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, tend à démontrer le contraire. Un vide intersidéral qui pose question Ce qui fait dire à nos deux scientifiques qu'un ensemble multivers pourrait exister est la découverte en 2004 d'un "Point Froid" situé entre 6 et 10 milliards d’années de la Terre et mesurant près d'un milliard d’années-lumière. Ce gigantesque "Cold Spot" devrait, selon certaines théories, son existence à l’absence inexpliquée de 10 000 galaxies qui aurait fait naître un vide intersidéral où la température est plus froide que dans les régions environnantes. Selon les deux chercheurs de l'université de Durham, ce spot plus froid pourrait avoir été créé par la collision de deux univers parallèles. "Ces vides intersidéraux que nous avons détectés ne s’expliquent à pas la cosmologie standard", explique Ruari Mackenzie, l’un des scientifiques de cette étude. "Nous ne pouvons pas entièrement exclure que le Spot a été causé par une fluctuation expliquée par la physique des particules. Mais si ce n'est pas le cas, il y a des explications plus exotiques. Peut-être que la plus excitante est de dire que le Point Froid a été causé par une collision entre notre univers et un autre univers bulle", ajoute ce dernier. Si pour le moment, les recherches menées par les deux astronomes britanniques sont loin d'avoir été validées par la communauté scientifique, celles-ci ont au moins le mérite d'avancer d'autres théories intéressantes pour expliquer la présence de ce vide intersidéral. "Le but ultime de la physique a toujours été d'expliquer comment notre univers a pris la forme qu’il possède", a écrit récemment dans les colonnes du Guardian, le Dr Stuart Clarke, journaliste expert en astronomie. "Chaque univers alternatif porte peut-être sa propre version différente de la réalité. Il y en aura une où j'écris ces lignes et une autre où je les aurais déjà lues.
Il relu l’article deux fois et se dit que c’était là une explication rationnelle de ce qui lui était arrivé, bien que ce mot sonne bizarrement dans ce cas là, mais il voulait y croire. d’une part, cela expliquait tout ce qui s’était produit avant son accident, et d’autre part, il existait un autre monde où sa mère était vivante et heureuse, et sa sœur mariée et où il n’avait pas divorcé. Était-il grand-père là bas ? La lettre ne le disait pas.
Que s’était-il donc passé pour que toutes ces choses arrivent ? Sans doute une anomalie ? Une singularité comme on disait dans ce genre d’articles qu’il lisait de temps en temps ? Tout cela le fascinait bien qu’il n’y comprenait pas grand chose, mais il tenait bon et il lisait régulièrement des articles sur la physique quantique et l’astrophysique. Dorénavant, il les lirait différemment, et, avec un peu de chance, son univers allait rentrer en nouveau en collision avec l’autre et il pourrait avoir encore des nouvelles de sa mère et en savoir plus. Enfin, ce n’était pas vraiment une collision, plutôt une sorte de frottement. A quand le prochain frottement ?
Il avait hâte maintenant qu’il se produise !
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