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  • paulemilechristian

musée imaginaire salle 1


Il imaginait les pièces qui se succédaient, plus ou moins grandes, plus ou moins intimes en fonction des toiles à accrocher sur les murs, des tableaux qu’il avait déjà vu dans d’autres musées que le sien, celui qui était dans sa tête et qu’il voulait bâtir en virtuel quelque part. Ce n’était seulement pour lui, il le ferait visiter à tous les gens qu’il aimait, tout ses proches, sa famille, ses amis, et peut être même des amis d’amis. C’est lui qui devait tout commenter, pour ne pas qu’il n’y ait d’ambiguïté sur le choix des œuvres exposées, uniquement des tableaux d’ailleurs, pas de sculptures. Non pas qu’il ne les aimait pas, mais il ne voulait pas mélanger les genres, il ferait un autre musée avec elles si nécessaire, mais le premier devait contenir des toiles, les plus belles selon lui, selon sa petite culture à lui. D’autres préféreraient d’autres tableaux que ceux qu’il avait choisis, eh bien ils n’avaient qu’à inventer leur propre musée. Ce n’était pas si facile que ça, mais c’était très agréable a construire : pas besoin d’immeuble à acquérir, pas besoin d’argent pour acheter les tableaux, pas de gardiens ou de guide autre que lui et ouvert quand on voulait.


Au début, il se demanda si il serait à la hauteur, après tout il n’avait pas encore visité tous les grands musées du monde et n’avait pas vu tant d’expositions que ça. En y réfléchissant, il se dit qu’au contraire, c’était un atout, comme cela il pourrait enrichir son propre musée au fur et à mesure de la découverte de nouveaux musées, il avait sa liste et restait attentif à toutes les expositions à Paris notamment où c’était plus simple pour lui de se rendre. Mais, devait il l’agrandir pour accrocher les nouvelles œuvres ou enlever les anciens tableaux au profit des nouveaux ? Non, il ne devait pas renier ce qu’il avait aimé, il devait simplement se constituer une réserve dans les sous sols, comme les autres musées. Cela ne nécessitait que peu de places mais il fallait prévoir dès le début pour ne pas se faire déborder. Il avait très souvent acheté un livre ou un guide sur les musées visités et cela allait lui permettre d’aider sa mémoire quelquefois défaillante, sauf pour ses quelques tableaux préférés. Il se sentait prêt maintenant, cette idée saugrenue prenait forme il devait concevoir le tout, choisir les tableaux et, à la fin trouver le logiciel pour créer ce musée virtuel sur son ordinateur. Il avait mille choses à faire par ailleurs, des tas de livres à lire, des tas de romans, de poèmes, de pièces de théâtre ou de nouvelles à écrire, des émissions de télé à regarder pour s’instruire (tant de choses à apprendre), des pays (et des musées) à visiter, des amis à rencontrer, sa famille à chérir. Mais il ne pouvait pas s’enlever la construction de son musée imaginaire de la tête, il allait devoir faire avec. Il espérait juste qu’il n’allait pas encore avoir d’autres idées de ce genre à court terme pour ne pas saturer complètement son temps, mais il ne se faisait guère d’illusions, il était un rêveur incorrigible et son imagination galopait en permanence, malgré son age avancé. Il avait l’habitude d’organiser ses semaines et ses journées pour gagner du temps et ne rien oublier. Sa journée type allait simplement évoluer, il ne pensait pas qu’il travaillerait à ce projet tous les jours et des heures et des heures. Non, le travail allait d’abord se faire dans son cerveau et en feuilletant ses guides. Il fallait aussi qu’il organise les salles : par siècle, thème, école, ou uniquement suivant sa fantaisie ? Ou un mélange de tout ça ? Il verrait ça plus tard, après avoir commencé à choisir les tableaux. Par quel musée commencer ? Il allait jeter un œil dans sa bibliothèque et choisir un livre soit au hasard soit ...il ne savait pas, il devait se lancer. Il «était tout excité à cette idée.


Déjà commencer par les deux tableaux dont les petites reproductions sont épinglées sur le cote d’une bibliothèque :


La danse de Matisse. Il l’avait cherche en vain au musée de l’ermitage et au Moma avant enfin de voir une des ces deux versions lors d’une exposition dans la fondation Louis Vuiton (celle de l’ermitage) . Quelle simplicité, quelle vie, quel mouvement. Peu de couleurs dans ce grand tableau, le ciel bleu, mais d’un bleu différent du vrai, la terre verte mais pas comme l’herbe, et les hommes rouges, un peu trop. Ils baissent la tête, concentres sur la musique entraînante et se tiennent par la main en déséquilibre, sauf ceux qui ont laissé un espace pour nous inviter à les rejoindre et nous avons envie d’y aller, de nous lancer dans cette ronde. Après tout, il y a trois femmes et deux hommes, il manque un homme, lui bien sûr ! Faut il se mettre nu comme eux ? Il est sûr d‘être beau dès qu’il sera sur le tableau, comme eux tous, grâce à la magie de la palette du peintre. Mais si il les rejoint, il ne se verra plus ! Non, il ne peut se priver de cette vue qui le fait vibrer. Venez, vous tous, venez les rejoindre, il vous regarde et il vous aime.


Le cri de Munch. Il se trouve que ce tableau faisait partie de la même exposition, dans la première salle (la danse était dans la dernière salle), un petit format très protégé, prêté par le musée Munch d’Oslo. C’est la mort qui succède à la vie, quel contraste, la joie d’un coté, l’angoisse de l’autre. Il fallait les mettre dans la même salle, sans doute avec une autre toile pour l’accompagner, face au grand tableau de Matisse. Il allait le trouver au fur et à mesure de la lecture de ses guides. C’est peut être un cauchemar, comme la danse un rêve, la solitude absolue, comme l’autre est la communion, son rouge et son bleu une vision de l’enfer et chez Matisse, du paradis. Là, ce ne sont plus les hommes et les femmes qui dansent, mais la nature, dans une danse funèbre effrénée. Il a vu dans une émission que Munch en a peint quatre exemplaires dont il ne voulait pas se séparer, lui n’aurait pas voulu l’avoir chez lui, juste dans cette pièce, mais avec la Danse, pas loin. Ils disent que Munch allait voir sa sœur enfermée dans un hôpital psychiatrique, et là , il comprend mieux le tableau, cela pourrait être lui qui crie!

Par la suite, il découvrit que Munch avait peint d ‘autres tableaux du même genre qu’il pu voir sur internet à défaut de les avoir vu dans un musée ou une exposition, mais cela pouvait peut être venir un jour au l’autre.


Anxiety au musée Munch d’Oslo. Même ciel que le cri, la physionomie de l’homme du cri est une sorte de synthèse de celle de ce tableau, il les représente tous sur ce fameux pont.


Désespoir au même musée. Deux tableaux différents ont ce nom, l’un avec le même ciel et un jeune homme qui marche sur un pont, c’est l’homme du cri, plus jeune, qui ressent déjà intérieurement ce qu’il va exprimer plus tard, quand il aura mûri. Sur l’autre tableau, il se souvient de son expérience et paraît songeur : que lui est-il donc arrivé ?

C’est ce que lui ressent en regardant ces tableaux, sans doute bien loin des intentions du peintre, mais, dans son musée, il fait et il dit ce qu’il veut. Il est le Maître !


Voilà deux premières toiles dans la salle 1, il mettra les autres après. Combien allait il mettre de tableaux par salle et combien de salles devait comporter son musée ? Allait il réserver certaines salles à un seul peintre ? Il devait décider du nombre de salle des le début, pourquoi pas vingt ? Il se demanda combien il y en avait dans les musées, enfin les musées moyens, pas le Louvre. Cela devait figurer dans les guides, il n’avait qu’a regarder.

Bon. Comment compléter cette première salle ? Pas avec un Munch, il n’en voyait pas d’autres, mi un Matisse pour ne pas créer d’inégalité entre les deux peintres, il y avait déjà la taille !

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