Il ne connaissait pas Athènes. Il irait sûrement un jour, ce n’était pas loin, mais pour démarrer son tour, il préférait ne pas trop s'éloigner, comme si il avait peur de se perdre en allant trop loin. Il prit un plan de la ville pour se repérer. Pourrait-il y aller à pied de son hôtel ? Cela lui plaisait d’imaginer de marcher dans ces rues, même si Athènes n ‘était plus ce qu’elle était avec tous ces événements depuis la crise de l’euro. qu’importe, le Parthénon restait le Parthénon. Il était la pour lui, pour le voir, le sentir , le toucher, l’entendre, le goûter.
Avant cela, il devait déjà le découvrir dans les guides pour bien apprécier le monument. Dans quel contexte avait il été construit ?
Au Ve siècle av. J.-C., les cités grecques sortent victorieuses des guerres Médiques, menées contre l’Empire perse. À leur tête, Athènes, pillée en 480, se relève. Pour faire disparaître les traces du saccage, Périclès, stratège de la ville, engage de grands travaux de restauration. Son action est centrée sur les édifices cultuels de l’Acropole, la colline qui domine la ville, consacrée principalement à Athéna, déesse tutélaire de la cité. Athènes devient dès lors un atelier des arts, un gigantesque chantier qui emploie des artistes et des artisans venus de toute la Grèce. La construction du Parthénon est achevée en moins de dix ans (447-438 av. J.-C.), tandis que la réalisation de son décor se poursuit jusqu’en 432.
Périclès, ça lui parle, « le siècle de Périclès » ! Cela fait déjà un moment qu’il ne s’est pas replongé dans l’histoire de la Grèce. Il en connaît davantage les dieux et les philosophes. C’est l’occasion. Il lit la description de l’édifice, et, sans trop savoir pourquoi, il a envie de la résumer dans un poème. Il regarde aussi les photos du monument, et il écrit :
C’est la tête bien droite que les cariatides dansent
Elles portent le toit du monde et sa voûte immense:
Six femmes nobles, en robes transparentes
Découvrant leur poitrine de jeunes amantes
Et gardent l’Erechthéion, l’endroit le plus sacré
Ou Poséidon dans sa colère outragée
Planta son trident et sa gloire marine
Sans risquer de blesser Athéna la divine,
Belle déesse fêtée lors des Panathénées
Par les femmes d’Athènes et les têtes couronnées,
Venue s’incliner sur la chryséléphantine
statue d’ivoire et d’or qui d’en haut les domine
Et protège le peuple, enfants d’Agamemnon,
trônant dans ce temple nomme le Parthénon.
Il pense avoir dit l’essentiel, et c’est sa façon à lui d’en parler. Il n’a pas donné les dimensions, il n’a pas écrit que c’était du marbre provenant d’une carrière proche d’Athènes, ni dit que c’était le fameux Phidias qui avait sculpté la statue d’Athéna, ni parlé de la frise dorique de l’entablement, des quatre-vingt-douze métopes reprenant des combats mythiques où l’ordre triomphe du chaos : au nord les Grecs contre les Troyens, au sud contre les Centaures , à l’ouest contre les Amazones et, à l’est, les dieux contre les Géants. Ce sont autant d’allusions à la victoire remportée sur les Perses, interprétée comme le signe évident que les dieux approuvent et soutiennent les valeurs de la civilisation hellénique en général et du bon gouvernement d’Athènes en particulier. Tout ça, il l’a lu et ne fait que le restituer.
Voilà, maintenant il peut le découvrir : il est immense, il est majestueux, il domine les hommes, tout petits à ses pieds. Avaient il plus le sens de la grandeur avant ? Il allait se reposer la question tout au long de son voyage à travers le monde. Toutes ces colonnes, il y en a quarante six a t-il lu, tout ces efforts pour les élever. Il y en a encore douze, avant même de pénétrer à l’intérieur, dans les vestibules, et en entrant il y en a d’autres : quatre dans la petite salle du trésor de la cité et quatorze dans la grande salle, le « Naos » où se trouve la statue d’Athéna, soixante seize en tout. Il s’imagine les ouvriers fiers de leur travail pour le dieu de la cité, l’architecte émerveillé devant le résultat dépassant ses attentes, le dictateur satisfait de rendre sa gloire à son peuple. Il aurait aimé être la, pas comme ouvrier bien sur, comme badaud, comme aujourd’hui, mais devant le monument intact. Il a visionné des vidéos, dont une qui dure une heure vingt reprenant un film passé sur « Arte ».Aujourd’hui, on sait (ou on croit savoir) reconstituer les monuments au moment de leur splendeur. Il découvre toutes les marches à gravir avant de se trouver au milieu de son rêve.
Prière
Ô Athéna, déesse de notre ville
Notre glorieuse gardienne de la cité
Et qui depuis toujours en détient les clés
Depuis la grande bataille de Salamine
Fille vierge de Zeus qui t’a donné l’Égide
Pour lancer la foudre et le tonnerre
et de Métis, déesse de la sagesse
qui te munit de la chouette de l’olivier,
Protectrice du grand Héraclés
Alliée de Jason et des Argonautes,
qui tira Ulysse des bras de Calypso
fit acquitter Oreste par l’Aéropage,
conseilla Cadmos de semer les dents du serpent
et permit çà Thésée de tuer ma Méduse,
Protège la grande Athènes
Et rend nous victorieux
Reçois nos dévotions Ô puissante déesse
Et préside au concours célébrés en ton nom
Voilà le péplos tissé avec respect pour toi
Que la procession amène aux pieds de ton autel.
Nous immolons à ta gloire le bœuf et la brebis
Que leur sang à jamais puisse fortifier ta vie.
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